Web 2.0 et usages dynamiques : enjeux pédagogiques

app-68002_150Le module D9CW2 « Web 2.0 et usages dynamiques » touche à sa fin, à mon grand regret.
J’ai énormément appris grâce à ce module et cela a été passionnant pour moi.

Je tiens à remercier les deux enseignantes, Deborah ARNOLD et Faouzia MESSAOUDI, pour ce module dynamique et très collaboratif, ainsi que les autres étudiants pour les échanges notamment sur les forums, qui m’ont beaucoup apporté.
Cela a été pour moi un réel plaisir de participer à ce cours car il m’a notamment permis de mener une réflexion quant à ma pratique pédagogique, mais aussi en ingénierie de formation et j’ai souvent pu le lier notamment à celui de Madame Poumay, construction des connaissances et e-formation, et celui de Monsieur Ollivier, approches et usages pédagogiques disciplinaires de la Foad.
Par ailleurs la méthodologie de travail  a été pour moi très efficace car j’ai passé des heures à travailler sans m’en apercevoir! J’ai exploré le Web et fait des découvertes passionnantes grâce au cours, aux étudiants et à mes propres recherches.
Professeur d’informatique, j’ai naturellement une affinité avec l’objet du cours au delà de mon intérêt pour les outils du web 2.0 et leur application pédagogique en tant que chargée de projets e-formation. Entraînée dans le quotidien, je ne prenais pas suffisamment le temps de la recherche sur le Web. Ce cours m’a permis de prendre ce temps sereinement et de découvrir ou d’apprendre à connaître davantage des outils efficaces et motivants.

Twitter a notamment été une révélation tant en termes d’information que de communication, mais aussi comme outil pédagogique que je vais utiliser en classe et en formation à distance dés que possible.
J’ai aussi utilisé notamment Wikipedia, Animoto et ZohoShow en classe et les élèves travaillent d’eux-mêmes avec ces outils hors classe et m’envoient leurs productions spontanément.

Au fur et à mesure de l’avancement du cours, de plus en plus d’idées ont germé quant à l’utilisation de ces outils, que ce soit en présentiel ou à distance, seule ou en collaboration avec des collègues. Cela m’a permis de concrétiser des projets que j’avais initiés par le passé, mais que je ne mettais que très peu en œuvre par manque de temps.

Au delà de la découverte et la mise en pratique d’outils du Web 2.0 dans l’apprentissage, j’ai pu faire le point sur les enjeux liés à cette utilisation.

A l’ère du Web 2.0, on sait que presque la moitié des adolescents passent plus de 2 heures par jour sur Internet (Le Monde de l’Education, 2008). Ces jeunes apprenants ont par ailleurs besoin d’activités diversifiées et d’accéder à l’information de façon immédiate (Médiamétrie, 05/11).

Utiliser Internet et notamment les outils du Web 2.0 pour l’apprentissage peut donc être, sous certaines conditions et dans un cadre clairement défini,  une des réponses aux changements sociétaux induits par l’explosion de ces services en ligne et donc aux changements des pratiques d’apprentissage qui en découlent.

Le Web 2.0 est un Web social qui permet aux enseignants d’initier de nouvelles pratiques d’enseignement. L’évolution des TIC et du Web touche non seulement l’apprentissage traditionnel en présentiel, mais permet aussi le développement du e-learning avec ses outils synchrones et asynchrones.

Utiliser les applications du Web 2.0 en formation, c’est s’inscrire dans une approche interactionnelle, constructiviste et socio-constructiviste de l’apprentissage : l’apprenant apprend en faisant et partage son savoir avec ses pairs. Elles permettent aux apprenants comme aux formateurs de collaborer, d’échanger.

Ces outils dynamiques présentent l’avantage de capter l’attention des plus jeunes. Ils permettent aussi d’élargir le cadre d’apprentissage puisque l’on peut travailler en classe de façon synchrone mais aussi à l’extérieur en asynchrone. De plus, la plupart des outils du Web 2.0 est gratuite et donc accessible à tous si l’on dispose de l’accès à un poste informatique et à Internet.

Tous ces outils n’ont toutefois pas le même intérêt pédagogique, comme on a pu le voir dans les séquences du cours Web 2.0, et des précautions sont à prendre quant à la sécurité des données et à la  fiabilité des informations que l’on trouve sur le Web. Leur utilisation permet donc à l’enseignant de contribuer à développer chez les apprenants une réflexion quant à l’utilisation de ces outils et aux conditions de celles-ci en terme de responsabilité et d‘éthique. La notion d‘identité numérique est essentielle.
Néanmoins, il ne faut pas oublier que l’identité numérique du formateur est aussi en jeu et qu’elle ne doit pas non plus être négligée. En effet, utiliser le Web 2.0 en tant que professionnel de l’éducation permet de valoriser régulièrement son travail, ses activités, et de les partager avec ses collègues. L’ère de la classe fermée au monde extérieur est abolie, on travaille maintenant avec le monde entier.
La visibilité de l’activité de l’étudiant et du formateur est donc source de motivation pour ces deux acteurs et la valorisation de leur travail respectif est un facteur de réussite.

Comme on l’a vu dans les séances du cours, le Web 2.0 permet aussi aux enseignants d’apprendre à chercher, d’apprendre à apprendre, mais aussi de contribuer à développer chez les apprenants des compétences technologiques et informationnelles qui ne sont pas spécifiées comme telles dans les programmes ou les référentiels, mais très largement utiles dans le monde professionnel et dans la vie personnelle : travailler en collaboration, communiquer, échanger, collaborer, rédiger. Par ailleurs, la notion de formation tout au long de la vie, pierre angulaire de la formation à distance, est un enjeu majeur de l’utilisation du Web 2.0 comme outil d’apprentissage.

L’acquisition de nouvelles compétences semblent alors nécessaires par les enseignants et les apprenants, notamment sur la gestion de l’identité numérique, l’utilisation des réseaux sociaux et le droit d’auteur. Pour les enseignants, la pédagogique doit donc être adaptée à l’ère du Web 2.0 et contribuer à développer l’apprentissage individuel mais aussi collaboratif et en réseau.

Toutefois, l’utilisation pédagogique des outils du Web 2.0 présente des limites.
Elle sous-entend en effet d’une part que les établissements dispensant une formation soient équipés en matériel adéquat et dispose d’un accès à Internet suffisant en termes de débit, mais d’autre part que les apprenants aient aussi accès individuellement aux mêmes types d’équipement. Se pose alors la problématique de la fracture numérique.

De plus, en termes d’encadrement et d‘évaluation, ces nouvelles applications génèrent des changements dans les pratiques pédagogiques qu’il est encore difficile de mesurer. Est-ce que l’utilisation de ce type d’outils de demande pas plus de travail pour l’enseignant ? En effet, la veille sur le Web est chronophage et l’infobésité n’aide pas à gérer son temps. De plus, les anciennes frontières en classe/hors classe sont progressivement rayées. Lorsque l’on utilise les outils des Web 2.0, on donne des feedback hors classe et on prolonge ainsi le temps de face à face.

Par ailleurs, peut-on encadrer efficacement l’ensemble des utilisations des apprenants ? Permettre aux apprenants de publier par exemple sur le Web implique une confiance réciproque puisqu’il semble difficile de contrôler l’ensemble des publications. Cela nécessite comme déjà dit précédemment de former les apprenants en termes d’éthique et de responsabilité.

Enfin, un changement des critères d’évaluation n’est-il pas nécessaire? L’évolution des méthodes pédagogiques et l’élargissement des objectifs à l’acquisition de compétences complémentaires nécessitent, si l’on souhaite appliquer une pédagogie de qualité, de revoir ses méthodes d’évaluation et ses critères.

Pour résumer, on peut donc dire que les principaux enjeux de l’utilisation pédagogique du Web 2.0 sont :
– la lutte contre la fracture numérique
– le développement de nouvelles pratiques d’enseignement adaptées aussi à de nouvelles pratiques d’apprentissage
– la formation des enseignants pour une prise en main rapide et adaptée
– l’acquisition d’un équipement informatique et Internet haut débit dans les lieux de formation et pour les apprenants
– l’apprentissage de l’utilisation du Web à bon escient (gestion de l’identité numérique, recherche, droit d’auteur, regard critique, travail collaboratif et apprentissage informel, sécurisation des postes)

Pour conclure, voici l’intervention passionnante de François Taddei aux Assises du Numérique 2012 qui aborde notamment les enjeux de l’introduction du numérique à l’école : quels sont les apports du numérique et sa réelle valeur ajoutée ? Comment co-construire des éco-systèmes d’apprentissage innovants et coopératifs avec tous les acteurs, parties prenantes du système éducatif ?